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  • Photo du rédacteurPaloma de Boismorel

Comment reinventer sa vie apres avoir touche le fond?

Trois écrivains racontent leur descente en enfer et leur improbable rédemption. Des récits touchants, parfois drôles et souvent sublimes qui nous parlent de renouveau et d’espoir en cette période de pandémie où certains fêtent Pâques et d’autres célèbrent/attendent le retour du printemps.



Prendre de la hauteur

À la suite d’une vie mouvementée d’écrivain voyageur, Edouard Cortès a choisi la sédentarité et s’est installé comme berger entraînant femme et enfants dans une aventure magnifique qui a malheureusement mal tourné. Traumatisé à la fois par la perte de son troupeau et par cet échec personnel, cet homme de presque quarante ans prend la décision surprenante de tout quitter pour s’établir pendant quelques mois sur les branches d’un arbre. Celui qu’il choisit est un chêne centenaire au milieu d’une forêt du Périgord Noir. La cabane qu’il a fabriquée de ses mains à 6 mètres au dessus du sol avec des matériaux de récupération lui fournit un poste d’observation sur la nature mystérieuse qui l’entoure mais aussi et surtout sur l’humain silencieux qu’il devient. Si après nos longues semaines d’enfermement, la vie sauvage a de quoi nous séduire, peu de textes en témoignent avec autant de sincérité, de réalisme et de poésie. Héritier de Henry David Thoreau et de Victor Hugo, Edouard Cortès nous fait lever les yeux très haut au-dessus des ornières de notre quotidien.

PAR LA FORCE DES ARBRES, ÉDOUARD CORTES, 174 P., ÉD. DES ÉQUATEURS.


Élucider le passé

Lionel Duroy a travaillé comme ouvrier, voyagé en tant que reporter de guerre et mûri dans ses attributions de père et de grand-père. Il s’est fâché avec sa famille, a perdu une à une les femmes qu’il aimait et se retrouve face à lui-même à l’aube de la vieillesse. L’auteur du Chagrin a déjà raconté son enfance et sa vie amoureuse dans de nombreux romans. Pourtant une chose reste non-élucidée à ses yeux : pourquoi les femmes le font encore trembler à 70 ans passés ? Dans une introspection haletante et sans concession, l’auteur du Chagrin reprend le fil de sa vie et analyse ses rapports avec la gent féminine. Un autoportrait magnifique qui laisse espérer la possibilité pour chacun de se sauver à force d’honnêteté et de lucidité.

L’HOMME QUI TREMBLE, LIONEL DUROY, 384 P., ÉD. MIALET-BARRAULT


Voir la lumière

Après la publication précoce de romans d’une élégance désabusée et d’un ouvrage sur la masturbation qui a choqué sa famille d’aristos cathos, Thibault de Montaigu s’est exilé à Bueno Aires avec sa femme et ses deux enfants. Au lieu du dépaysement espéré, l’auteur parisien sombre dans une dépression sans fond et se raccroche de justesse à un projet de livre sur l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès. C’est dans un monastère du Sud de la France où il soupçonne le célèbre meurtrier de s’être réfugié que l’écrivain fêtard et nihiliste est soudain « touché par la grâce ». Bouleversé par cette expérience énigmatique, il tente de se rapprocher d’un oncle franciscain à l’existence mystérieuse. Malheureusement celui-ci décède d’un cancer en laissant sans réponse les questions de son neveu. Et notamment, celle de cette brusque vocation religieuse à l’âge de 37 ans après une vie de débauche. Écrit sous la forme d’un enquête introspective, ce récit d’une rédemption impossible est une sorte de miroir à celui qu’a fait Emmanuel Carrère de sa dépression dans Yoga. Un livre vertigineux, brillant et sincère.

LA GRÂCE, THIBAULT DE MONTAIGU, 320 P., ÉD. PLON.


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