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  • Photo du rédacteurPaloma de Boismorel

L'exotisme sans bouger


La semaine dernière, on se demandait ce que les fictions pouvaient apporter à nos vacances et quel sens particulier prenait la lecture à cette période de l’année.

Cette semaine, je me penche sur le cas des romans qui nous font voyager. C’est presqu’un cliché de le dire mais chacun sait que la littérature a réellement le pouvoir de nous transporter. Pas de valise à remplir, pas de d’avion à réserver, pas de test Covid à faire, pas de bilan carbone à expier, pas de décalages horaires… Alors pourquoi s’en priver?

Avec une fin de grossesse, un déménagement et un bambin de 2 ans, cet été, j’en ai largement profité. Voici 4 lectures qui m'ont permis de voyager léger.


À LA SAUCE NAPOLITAINE

Il suffit parfois d’une phrase pour déstabiliser une vie. Giovanna a douze ans quand elle entend son père la comparer à sa tante, une femme à la réputation redoutable que ses parents ont banni de leur vie. Effrayée par cette Zia Vittoria qu’elle imagine aussi laide que méchante, l’adolescente développe des complexes physiques et une curiosité insatiable à l’égard de cette inconnue. Autorisée à lui rendre visite, Giovanna découvre une personnalité à la fois explosive et attachante qui l’incite peu à peu à prendre ses distances avec les vérités et les codes sociaux intériorisés depuis l’enfance. Le neuvième roman d’Elena Ferrante tient ses promesses romanesques et respire le mystère que répand autour d’elle la romancière dont l’identité (non officialisée) serait celle d’une traductrice et éditrice romaine.

Pourquoi ça nous dépayse ? Issue des quartiers aisés de Naples, l’héroïne quitte les hauteurs de sa ville natale pour y découvrir avec sa tante la vie populaire et animée des rues napolitaines imprégnées d’odeurs et d’insultes locales.

LA VIE MENSONGÈRE DES ADULTES, ELENE FERRANTE, 416 P., ÉD. GALLIMARD.



CALIFORNIAN WAY OF LIFE

Mère au foyer épanouie dans la Californie des années 70, Joanne mène une vie routinière mais heureuse entre son mari médecin, leurs deux enfants et les soirées cocktails qu’ils organisent à la maison avec leurs amis. Peut-être un peu trop lisse et idyllique pour être crédible, l‘existence de Joanne se fissure à la suite d’une agression. L’homme l’a insultée, frappée et lui a volé son sac. Outre quelques cicatrices superficielles sur le visage, la trentenaire garde en elle les traces de la violence subie qui finit par empoisonner ses rapports avec ses proches et la décide à tout quitter.

Pourquoi ça nous dépayse ? En dépit de ces circonstances malheureuses, difficile de résister à l’attrait d’un road-trip à bord d’une Ford Pinto le long des paysages désertiques du Golden State Highway en direction d’un Las Vegas encore terriblement seventies.

LES JOURS BRÛLANTS, LAURENCE PERRIN, 324 P., ÉD. CALMANN-LEVY.



EGYPTE ANTIQUE

Réchappée par miracle d’un crash aérien, Dawn Edelstein décide sur un coup de tête de rejoindre un mystérieux camp de fouilles archéologiques en plein désert égyptien. Qu’espère-t-elle retrouver en revenant sur les lieux où elle a abandonné 15 ans plus tôt son premier amour et sa carrière d’égyptologue ? Pourquoi ne préfère-t-elle pas retourner à Boston auprès de sa fille Meret et de son mari Brian, un charismatique professeur de physique quantique ?

Pourquoi ça nous dépayse ?

Dans ce roman à la construction brillante, la grande romancière sud-africaine Jodi Picoult nous fait basculer sans cesse entre d’un monde à l’autre tout en abordant des questions aussi fascinantes et rares que la fin de vie, les univers parallèles et les pratiques funéraires de l’Egypte antique.

LE LIVRE DES DEUX CHEMINS, JODI PICOULT, 512 P., ÉD. ACTES SUD.


MAZEL TOV!

Avec ses 10 enfants, ses 37 petits-enfants et ses 25 poules, Surie Eckstein mène une vie bien remplie au troisième étage d’une maison située dans le quartier juif orthodoxe de Brooklyn. Alors que son mari tente de limiter son activité professionnelle de scribe à deux

rouleaux de la Torah par an, cette femme au foyer hassidique de 57 ans espère elle-aussi ralentir un peu le rythme. Il semblerait que la providence divine en ait décidé autrement.

Après un cancer du sein et un début de ménopause, Surie apprend qu’elle est enceinte de jumeaux. Passée la surprise et l’indignation, elle décide de se taire pour fuir l’angoisse que représente l’irruption de ces deux bébés dans la vie impeccablement réglée de la

communauté. Difficile de résister aux pensées absurdes mais touchantes qui se bousculent dans la tête de cette héroïne aiguillée du matin au soir par les impératifs de sa

culture et du regard des autres.

Pourquoi ça nous dépayse ? Un roman à la fois drôle et passionnant qui nous emmène au coeur des intrigues et des traditions d’une communauté.

DIVISION AVENUE, GOLDIE GOLDBLOOM, 360 P., ÉD. CHRISTIAN BOURGOIS.



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