Et si certaines femmes possédaient un secret pour transfigurer le quotidien ? Elles sont poètes, chanteuses, romancières ou actrices et elles ont puisé dans l’eau grise de leurs existences parfois banales de quoi illuminer pour toujours celles des autres. Comme le dit Geneviève Brisac « Si les femmes sont des sorcières, c’est pour manifester leur mépris de la vie ordinaire ». La plupart resteront ignorées mais découvrons les parcelles de génie que quelques unes d’entre elles ont réussi à nous laisser.
BELLES ET REBELLES
Qu’ont en commun la chanteuse Amy Winehouse, la militante Louise Michel, l’artiste Niki de Saint Phalle et la philosophe Simone Weil ? Un destin souvent tragique oui, mais aussi et surtout le goût de de l’absolu comme le montrent les auteurs de ce recueil biographique qui réunit 11 portraits de femmes libres. Au fil des chapitres et des esquisses d’Atiq Rahimi (Goncourt 2008), on croise des icônes comme Marilyn Monroe ou Billie Holiday et des silhouettes moins connues comme celle d’Adèle Hugo, la fille du grand écrivain, ou de la psychiatre Sabina Spielrein dont le travail a influencé Freud. A chaque fois, la magie opère. Les grands événements de leurs vies brodés d’anecdotes, de faits concrets et de citations piquantes nous font revivre leurs luttes et leurs espoirs avec le sentiment d’avoir trouvé en elles de fascinantes grandes sœurs.
LES INCOMPRISES, LAURA EK MAKKI ET PIERRE GRILLET, 190 P., ÉD. MICHEL LAFON.
SORCIÈRE DES MOTS
Ce n’est que le 8 octobre dernier, lorsqu’elle a été désignée lauréate du Prix Nobel de littérature à la place de tous les auteurs connus et attendus (tant pis pour Joyce Carol Oates ou Haruki Murakami), que le nom de Louise Glück a tinté pour la première fois à mes oreilles en produisant un drôle de bruit. Comme beaucoup de lecteurs francophones un peu perdus, j’ai rapidement appris sur Internet qu’elle écrivait des poèmes et était née à New-York en 1943. Elle avait reçu le prix Pulitzer en 1993 puis le National Book Award en 2014, elle avait été anorexique, enseignait la littérature à Yale et son père était l’inventeur d’une sorte de cutter. Malgré ces faits, Louise Glück m’était de plus en plus inconnue. Intriguée, j’ai lu quelques uns de ses rares poèmes traduits en français, puis d’autres en anglais et c’est là que j’ai compris. Louise Glück est une sorcière. En ces temps troublés par la pandémie, la poétesse américaine m’a initiée à la magie ancestrale de la poésie, celle qui sublime le réel et métamorphose chaque expérience individuelle en beauté universelle. Son œuvre est un breuvage de mots simples mais efficaces qui parlent des absences, des désirs et des miracles minuscules formant la trame invisible de nos vies masquées.
Poèmes disponibles sur www.poets.org
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